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Août 2025

Giovanni Andrea Cima :
découverte d'un maître milanais

Comme premier partage, voici l'extrait d'une modeste recherche effectuée il y a bien des années sur un compositeur passionnant : Giovanni Andrea Cima. Je vous invite à écouter en particulier son Cappricio édité en 1610 à Milan parmi les Concerti ecclesiastici.

Le seul élément que les sources nous apprennent avec certitude à propos de Giovanni Andrea Cima est que celui-ci a été organiste dans différentes églises milanaises : à Santa Maria Maggiore en 1614 puis à Santa Maria della Rosa et à Santa Maria delle Grazie. Nous sommes ainsi incapables de déterminer son année de naissance. Aux dires du Grove Dictionary of Music and Musicians, qu'il ait ensuite été organiste à Santa Maria Maggiore à Bergame n'est même pas certain. Picinelli affirme pourtant qu'il fût appelé à ce poste – l'un « des plus convoités d'Italie » – en raison de son « insistance extraordinaire »
[straordinaria isquisitezza]. Le doute vient de l'absence de sources attestant de cette activité à Bergame.

Il existe cependant des sources nous renseignant sur l'engagement des autres maîtres de chapelle à Santa Maria Maggiore. En effet, la liste de ceux qui auraient pu être ses prédécesseurs et ses successeurs nous laisse penser qu'il aurait pu être engagé entre août 1626 et mars 1627. Une contradiction apparaît alors : la dédicace de Second Livre de Concerti est daté du 29 mars 1627 à Milan et présente son auteur comme maître de chapelle dans cette ville, et non à Bergame. Il existait certes un second poste de maître de chapelle mais nous savons qu'il fût confié à Benedetto Fontana, l'organiste. Nous ne trouvons d'ailleurs pas non plus le non de Giovanni Andrea Cima dans la liste des organistes, qui figurent en principe dans le registre, mis à jour annuellement, des chanteurs de Santa Maria Maggiore.

L'hypothèse qu'Andrea ait été actif dans une autre église de Bergame est elle aussi peu convaincante car, en dehors de Santa Maria Maggiore, la musique d'église était peu développée et il ne pourrait alors s'agir de l'un des postes les plus convoités d'Italie comme nous le laisse entendre Picinelli.

Parmi les œuvres d'Andrea figurent des motets, une messe à quatre voix et des dialogues pour soprano et basse. Du côté de la musique instrumentale, il nous reste des Canzoni et différentes pièces pour clavier ou ensemble. Dans les Concerti Ecclesiastici (1610) de son frère Paolo figure un Cappricio pour instrument soliste et basse continue de sa composition. Toujours selon Picinelli, Giovanni Andrea Cima aurait publié lui-même un recueil de Concerti à 2, 3 & 4 à Milan en 1614 et un second livre du même titre en 1627 à Venise. L'écrivain et poète Girolamo Borsieri (1588-1629), qui consacre un paragraphe à Giovanni Paolo dans son supplément au Della nobilita de Milano dans une section intitulée « Degli altri Musici di Milano più famosi », atteste lui-même de ces publications en affirmant qu'elles sont « conformes au goût du temps [conformi al gusto del tempo] ».

Bonne écoute !

Giovanni Andrea Cima - Cappricio (1610)

Jean-David Waeber